Du très haut débit pour tous !

Du très haut débit pour tous !

Jacques Marceau, président d’Aromates
16 avril 2019
En quelques années, la numérisation galopante de notre société a fait passer la connectivité à l’internet mobile du statut de simple outil de confort et de loisirs à celui de commodité nécessaire à la gestion d’un quotidien de plus en plus numérisé. C’est ainsi que, dorénavant, 35 millions1 de Français accèdent chaque jour à internet grâce à leur smartphone pour consulter leurs comptes bancaires, effectuer des paiements ou une démarche administrative, rejoindre une destination sans se perdre, prendre le train, fixer un rendez-vous médical ou payer leur stationnement. Bien plus qu’un terminal performant, ces nouveaux usages de la vie courante requièrent une connexion mobile très haut débit de qualité. Dans ce contexte, il est clair que les utilisateurs se contenteront de moins en moins de voir afficher sur l’écran les petites barrettes leur indiquant qu’ils sont en mesure de passer un appel téléphonique alors qu’ils veulent accéder à des services en ligne. Non pas encore une fois pour s’amuser, mais parce que cela est devenu indispensable !Il n’est ainsi pas surprenant d’entendre, à l’occasion du Grand Débat National, des voix s’élever pour dénoncer une évolution de l’aménagement numérique du territoire à deux vitesses et l’impossibilité, surtout dans les zones rurales, d’accéder aux services en ligne.

Une nouvelle forme d’exclusion qui, de toute évidence, aggrave chaque jour davantage la désertification économique de nombreux territoires et accentue le sentiment de leurs habitants d’être considérés comme des citoyens de seconde zone. Avec les conséquences que l’on connaît maintenant sur la cohésion sociale de notre pays !

S’il convient de saluer les engagements de couverture des opérateurs dans le cadre du New Deal Mobile voulu par le Gouvernement et par l’Arcep, force est d’admettre que l’évolution des usages ne se satisfera pas de la simple « couverture » d’une zone signifiant la possibilité, dans le meilleur des cas, d’y passer un coup de téléphone. Bien sûr certains argueront que c’est mieux que de ne pas pouvoir téléphoner du tout.

Et c’est évident ! Mais comment, quand on est un élu d’une commune rurale, expliquer à ses administrés que si l’on veut accéder aux bénéfices des services en ligne il faut partir habiter dans une zone urbaine ?

Car, la réalité, c’est que 41% des communes françaises ont un accès limité à la 4G avec des débits relevés 3 fois sur 4 à moins de 10 Mbps. Pire : 8% d’entre-elles n’ont quasiment aucun accès à un réseau data utilisable avec des débits constatés inférieurs à 0,5 Mbps2.

Et ces communes sont où ? : A 97% en zone rurale3 !

Est-ce vraiment là, la France que nous voulons ?

Si l’évaluation de leur couverture numérique est assurée de façon précise, fiable et régulière par l’Arcep, les collectivités territoriales ne peuvent plus s’en satisfaire car il leur faut dorénavant répondre à une demande pressante et légitime d’informations sur les niveaux de performance et de qualité nécessaires aux nouveaux usages en mobilité. Cette réponse est aujourd’hui possible grâce à des solutions associant mesure traditionnelle et outils de crowdsourcing qui, au delà de mettre entre les mains de chaque citoyen un moyen d’objectiver la qualité de sa connexion, le rend acteur de l’aménagement numérique de son territoire.

Alors que de nombreux élus s’inquiètent de voir une partie de leurs attributions leur échapper, la possibilité de disposer d’une information fiable émanant directement des citoyens est un moyen non seulement de reprendre la main sur le destin de leurs territoires mais encore d’y associer leurs habitants, dans une démarche authentiquement collaborative et citoyenne.

 

  1. Etude Médiamétrie « L’Année Internet 2018 » – Février 2019
  2. Etude QoSi «  qualité d’expérience des opérateurs mobiles en France métropolitaine » – Janvier 2019
  3. Ibid.

Article original dans Les Echos